La ville de Saint-Pierre, construite au-delà des fortifications de la cité médiévale de Calais, connaît une forte croissance liée notamment au développement de l’industrie dentellière au début du XIXe siècle.
En 1787, la paroisse de Saint-Pierre obtient une assemblée autonome et les réformes administratives de la France révolutionnaire officialisent en 1790, la naissance de cette commune pour en faire une ville peuplée de 2 600 habitants et d’une superficie de plus de 2 200 hectares soit l’une des plus vastes du département du Pas-de-Calais. Après 1815, Saint-Pierre connaît un développement très important grâce à l’apparition de l’industrie dentellière avec notamment un quadruplement de sa population qui permet de dépasser, en 1846, la cité rivale et voisine Calais, avec 10 924 habitants. Mais toute cette croissance ne s’est réalisée que progressivement, divers terrains de locations ont permis l’établissement de maisons communes et l’ancienne mairie de Saint-Pierre n’est définitivement édifiée qu’en 1825 à proximité du canal de Saint-Omer et d’une ancienne église qui fut détruite ultérieurement en 1882 afin d’y édifier l’hôpital au même emplacement que celui que nous connaissons aujourd’hui. Il est à noter que ce canal est la voie principale de communication pour les coches d’eau et pour le drainage des terres marécageuses. En 1836, afin de répondre aux volontés des habitants et aux besoins de la municipalité souhaitant s’afficher aux yeux de sa rivale, le cœur de la bourgade de Saint-Pierre est transféré dans un endroit précis dénommé le Carré grâce à un don de Monsieur Jean-Louis Crèvecœur, notable Saint-Pierrois, qui apporte un terrain destiné à l’établissement de marchés et de foires.
Une seconde donation de la famille agrandissant l’espace initial permet l’édification en 1858 de nouveaux bâtiments à savoir un nouvel hôtel de ville, un lavoir polyvalent avec locaux à fonction éducative et administrative (ces 2 bâtiments au caractère architectural similaire apparenté au style néo-classique1, se faisant face). Mais les bombardements de la Première Guerre mondiale détruisent partiellement ce lavoir qui est remplacé en 1935 par un nouvel édifice abritant la Bourse du Travail. L’ancienne église de Saint-Pierre, située Quai du Commerce étant devenue vétuste et exiguë elle est remplacée par un nouveau lieu de culte édifié au fond de la place Crèvecœur entre l’hôtel de ville et le lavoir.
Avec ses bâtiments emblématiques, la place Crèvecœur devenait le symbole de la réussite de Saint-Pierre, se caractérisant notamment par la réunion avec Calais en 1885 ; l’hôtel de ville devenant celui de la cité unifiée ralliant d’une part le cachet médiéval et historique de Calais avec la cité nouvelle et industrielle de Saint-Pierre. Cette place reste et restera le témoin, grâce à ses bâtiments, d’une époque dynamique et prospère.
Sur l’image de 1825, on peut voir l’église Petresse, dont des restes ont été découverts récemment.
A la place s’est élevé par la suite un hospice, hôpital puis par la suite dans les années 1970 le centre hospitalier de Calais, détruit l’année dernière. Le site accueillera maintenant un nouvel écoquartier, avec mise en valeur du quai, à deux pas du pont Saint Pierre, de la Nation, et à proximité du musée international de la dentelle et de la mode, et du nouvel écoquartier Blériot-Descartes.
Source: https://www.pss-archi.eu/forum/viewtopic.php?pid=647936